Étant moi même guitariste depuis plus de 20 ans je m’efforce de fabriquer chacun de mes modèles folk ou classiques
selon des critères bien précis en terme de sonorité, de confort de jeu et d’esthétisme.
Pour répondre à ces critères j’ai introduit differentes méthodes et techniques de fabrication au fil des années qui me
permettent d’être plus souple quant aux caractéristiques sonores et ergonomiques des guitares afin de répondre au mieux
aux exigences des musiciens.
Éclisses renforcées:
Mes éclisses sont légèrement plus fines que des éclisses massives mais sont renforcées par deux épaisseurs de placage
de sycomore, pour les guitares folk, de poirier ou d’épicéa pour les guitares classiques. L’éclisse extérieure reste
suffisamment épaisse pour éviter tout problème lors des phases de ponçage.
J’utilise des moules et des contre formes pour réaliser ces collages qui me permettent d’obtenir des éclisses qui épousent
parfaitement les contours du moule d’assemblage sans avoir besoin de les forcer pour épouser la forme voulue.
Les éclisses obtenues sont beaucoup plus rigides que des éclisses massives ce qui se traduit par un gain significatif en
sustain car les tensions internes à l’instrument sont considérablement réduites.
Assemblage à la française:
Pour tous mes modèles j’utilise la méthode d’assemblage dite « à la française ». Cela signifie que la caisse et le manche sont
fabriqués séparément pour être assemblés ensemble par la suite. Il existe beaucoup de méthodes d’assemblage du manche
à la caisse, pour ma part je réalise une jonction de type tenon/mortaise en « queue d’aronde » qui est utilisée en ébénisterie
et en facture instrumentale depuis des siècles. Toutes les méthodes donnent de bons résultats pour peu quelles soient
correctement réalisées pour en retirer tout le bénéfice.
Le fait de fabriquer séparément le manche et la caisse me donne un meilleur contrôle sur la géométrie de mes instruments
et je suis donc plus à l’aise en procédant ainsi.
Cette méthode permet en outre de pouvoir désassembler le manche de la caisse facilitant ainsi un éventuel futur travail
de restauration.
Fonds actifs:
Sur mes modèles folk et classiques grand concert j’ai adopté il y a plusieurs années un plan de barrage radial, par oposition
au barrage transversal (en échelle) traditionnel. Ce type de barrage me permet de traiter les fonds de mes guitares un peu
comme une seconde table dont le rôle n’est plus d’agir comme simple réflecteur du son mais comme une seconde
membrane fonctionnant en synergie avec la table, d’où le terme de fond « actif ».
Ainsi le fond vibre beaucoup plus à l’attaque des cordes et contribue d’avantage au grain acoustique de la guitare avec
un son un peu plus coloré par l’essence choisie. Le tout sans perte de puissance ni de projection.
Tables bombées ou archées:
Sur toutes mes guitares, sans exception, les tables sont légèrement voutées et non totalement plates.
Une architecture même légèrement voutée est bien souvent plus résistante qu’une architecture totalement plate.
Cela permet une construction de la table un peu plus légère et donc un instrument qui répond plus vite même sous
une faible attaque des cordes.
Barrages de table en treillis:
Il y a quelques années j’ai décidé d’adopter un système de barrage en treillis ou croisillons qui permet de mieux
répartir les efforts liés à la tension des cordes sur la table. On obtient une structure très légère tout en étant extrêmement
rigide, contribuant à l’équilibre sonore des guitares ainsi qu’à leur puissance. La palette sonore s’en trouve élargie.
Renfort de chevalet:
Sur mes modèles folk la plaque de renfort de chevalet est composée de palissandre indien et de fibre de carbone collés
ensembles.
Cela permet d’obtenir une plaque de renfort extrêmement rigide tout en étant beaucoup plus fine et légère
qu’un renfort traditionnel en bois seul. De plus ce renfort ne sera pas altéré par le contact avec les boules aux extrémités
des cordes au cours de la vie de la guitare car la fibre de carbone est extrêmement résistante et insensible aux variations de
température ou d’hygrométrie.
Vernis intérieur:
L’intérieur de mes guitares est systématiquement vernis à la gomme laque. Cela permet d’avoir une surface moins « brute »
à l’intérieur des instruments tout en protégeant les parties internes.
Cela n’empêche pas l’instrument de respirer mais va limiter les échanges hydriques entre le bois et l’air ambiant.
Radius de touche « composé » ou « compensé »:
Sur mes modèles folk je réalise (sauf demande contraire) un radius de touche dit « composé » ou « compensé ».
Cela signifie que la courbure à la surface varie au fur et à mesure que l’on se déplace vers la caisse de la guitare.
La courbure est plus prononcée au niveau de la tête et s’aplatit à mesure que le manche s’élargit, facilitant
ainsi les bend et les barrés.
Différents radius et combinaisons de radius sont possibles allant de 7,5″ jusqu’à 20″. En général j’applique
un radius compensé de 12″ au sillet de tête et de 16″ à l’autre bout de la touche.
Profil de manche:
J’attache une importance toute particulière à la sculpture des manches ainsi qu’à leur profil.
Évidemment le choix des cotes et des épaisseurs se font selon les préférences du musicien.
Pour ce qui est du profil du manche j’essaie de tendre vers un ensemble ou les bords de touche et le manche
ne fassent qu’un dans la main, pour un confort de jeu optimal.
Le manche ne doit pas être trop fin car des manches trop fin peuvent générer des soucis de crispation voire des crampes
ou des douleurs.
Un manche trop épais risque de rendre le jeu plus difficile ou dépaysant, en particulier si l’on n’a pas de très grandes mains.
Je m’efforce donc de trouver le meilleur compromis de manière à ce que le jeu soit le plus facile et naturel possible.
Le « Soundport »:
Le « soundport » est une ouverture réalisée sur l’éclisse supérieure dont les deux principaux avantages sont:
– l’effet de retour pour le guitariste qui peut mieux s’entendre et tout simplement profiter du son de sa guitare.
Cela peut également s’avérer utile si l’on joue en formation.
– le son gagne en « présence » pour l’auditoire, la guitare ne sonne pas plus fort mais ressort d’avantage.
Évidemment un « soundport » peut ne pas plaire à tout le monde et c’est pourquoi il est disponible en option
sur tous mes modèles folk et classiques, mais vivement recommandé!
Le vernis de finition:
J’applique sur toutes mes guitares un vernis cellulosique de haute brillance ou satiné en cabine à vernis.
C’est un vernis très fin qui laisse vibrer le bois et prend une jolie patine avec le temps. Il est bien plus résistant
à l’abrasion et à la transpiration qu’un vernis gomme laque au tampon tout en étant pratiquement aussi fin.
C’est à mon sens un excellent vernis pour les guitares acoustiques.